Jean-Charles Nahon

succède à André Mauric en 1985

Posté le 16 juillet 2022

Jean-Charles Nahon rejoint le cabinet Mauric de la rue Sainte en 1980 et en prend la direction en 1985. Il évoque pour nous sa relation avec le maître marseillais et l’évolution du cabinet d’architecture depuis quarante ans.

J’ai rencontré André Mauric à la fin de mes études. À la sortie de l’École Polytechnique, je suis entré à l’ENSTA dans la branche Génie Maritime pour apprendre à concevoir et construire des navires. Nous avons alors sollicité André pour diriger un projet de fin d’études sur une grande goélette virtuelle pour l’École Navale. J’ai ensuite travaillé plusieurs années dans ce qui est devenu Naval Group à Lorient. Et puis les hasards d’une course océanique au départ de Lorient, m’ont conduit à revoir André.

Je développe les routes ouvertes par le maître.

C’était un homme visionnaire, mais aussi conscient de sa finalité et soucieux de sa transmission. Je l’ai donc rejoint fin 1980, et mes premiers pas furent un quarter tonner, et le premier projet de l’éventuel futur Calypso II ! Ce large éventail donne la mesure de la variété de projets qu’André avait l’ambition d’embrasser. Je lui ai succédé à partir de 1985. Rétrospectivement, je pense que je n’étais sûrement pas le plus voileux des choix possibles pour sa succession, mais je correspondais sans doute le plus à son idéal, un mélange de scientifiques, et d’amoureux de la mer et des bateaux, et une petite expérience « des grandes unités ».

À moins de 35 ans avec un mélange d’appréhension, et de fierté, j’ai développé les routes ouvertes par le maître, les vedettes rapides, les navires de pêche… Je l’ai aussi emmené vers des océans qu’elle avait peu explorés, les navires océanographiques, les navires à passagers, les navires militaires, les multicoques professionnels. Nous avons petit à petit constitué une équipe avec des associés fidèles, Pascal Lemesle, Jean-Pierre Le Goff, chacun apportant sa compétence au Bureau Mauric. Nous avons dessiné des bateaux, parfois pour des caractères bien trempés, Jacques Yves Cousteau bien connu de tous, Henri Germain Delauze, emblématique président de COMEX, et grand explorateur des profondeurs, et dernièrement Michel Lhour, archéologue sous-marin, directeur du DRASSM. Nous avons dessiné des bateaux pour des armements anglais, belges, espagnols, Suisse et même un américain. Nous avons transformé les outils de conception au fur et à mesure des révolutions informatiques aux sigles étranges, CAO, CFD, VM… Le bureau Mauric a complété ses origines marseillaises par une importante implantation nantaise pour être proche à la fois des façades méditerranéenne et atlantique.

Jean Charles Nahon

Jean Charles Nahon dans les locaux du Bureau Mauric de la rue Sainte à Marseille

Le groupe ECA, spécialiste des drones sous-marins.

Et puis, nous aussi, nous avons passé la main. Un groupe de trois jeunes passionnés, compétents, responsables, est là pour nous succéder. Le groupe ECA, un spécialiste des drones sous-marins, nous a fait l’honneur de s’intéresser à notre modeste PME, et c’est sous l’égide de ce groupe d’origine toulonnaise que le navire Mauric trace désormais sa route. Toujours installée dans ses locaux historiques de la rue Sainte à Marseille et toujours aussi à Nantes, la société est maintenant forte de 30 personnes. Elle prend en charge la conception de toutes sortes de navires, des plus petits aux plus importants, comme dernièrement ce car-ferry de 77m, presque 40 ans après que le maître se soit retiré.

JCN